jeudi 1 mars 2018

Medellin

Pablo Escobar naît à Rionegro et grandit à Medellin. Troisième enfant d'une famille de 7, d'un père d'un fermier et d'une enseignante scolaire, il commence assez tôt à vivre de petits crimes. De faux diplômes scolaires, (il arrête lui-même l'université avant d'avoir complété quoi que ce soit), des pierres tombales volées, puis revendues, de la contrebande de cigarettes, de faux billets de loto, le vol de moteur de véhicule, tout pour faire de l'argent.


Il prend part à de nombreux kidnappings et vit des rançons versées par les familles victimes. Il fait la distribution lui-même de cocaïne, ce qui le rend extrêmement riche. À 22 ans, il a déjà 1 million en poche, comme garde du corps du cartel de Medellin qui prend peu à peu forme. 4 ans plus tard, il aura déjà triplé son million. Avec Jorge Luis Ochoa Vasquez et Carlos Ledher, il créé la route vers les États-Unis en engageant des "mules", des pilotes d'avion Étatsuniens, afin de transporter de la drogue au pays de l'oncle Sam.

L'empire du cartel de Medellin fera des milliards et Escobar sera longtemps parmi les hommes les plus riches de la terre.



En 1976, Escobar et ses hommes sont arrêtés par deux officiers en possession de 39 livres de pâte blanche, tentant de revenir à Medellin, en provenance de l'Équateur. Pablo tente alors de soudoyer les juges, mais sans succès. Il fait donc assassiner les deux officiers qui l'ont arrêté et par magie, son cas judiciaire n'existe plus. Ce sera toujours la méthode d'Escobar, les pots-de-vins ou le meurtre.
Le cartel de Medellin achète la pâte de cocaïne au Pérou, et la fait raffiner dans des laboratoires, à Medellin, pour qu'elle devienne de la cocaïne poudrée.

Dès la fin des années 70, les revenus de la drogue deviennent de très fortes sommes que tout le monde s'arrache. En 1982, les revenus tirés du trafic de drogue deviennent plus importants que les revenus tirés du café colombien. L'argent redessine toujours le pouvoir. Un système de justice parallèle se créé. Des armées privées naissent. Les kidnappings et les extorsions font régner la terreur.  À la fin de 1983, 240 morts politiques sont comptées. Des leaders de communauté, des élus officiels, des fermiers.

Vers le milieu des années 80, le cartel infiltre l'association des fermiers et y injecte des fortunes en équipement pour les aider, afin que l'association leur donne une crédibilité légale. On se sert des fermes pour pratiquer les armes en provenance des États-Unis (contre la drogue envoyée là-bas).  Bientôt, Pablo Escobar, Juan Matta Ballesteros, "El Mexicano" Gacha, Carlos Lehder et Jorge Luis Ochoa sont les leaders du cartel, ils ont des systèmes informatiques sophistiqués (pour l'époque), ont des centre de communication développés, ils coordonnent du routage entre les États-Unis où 96% de la drogue qui s'y trouve vient d'eux, ils ont 30 pilotes à leur service, des avions, des hélicoptères et de appareils volants de toute sorte. Des instructeurs britanniques, israéliens et Étatsuniens les entraînent paramilitairement.

Au sommet de leur succès, le cartel génère 60 millions de dollars U.S. par jour. Les États-Unis, le Canada et l'Europe sont impliqués partout. Les États-Unis feront armer les Contras contre les Sandinistes par le biais des liaisons aériennes du cartel.

Les autorités colombiennes sont avisées, si on menace le cartel avec la justice, ils en paieront de leur vie. Leur famille aussi. 3500 représentants de l'autorité ou de la justice seront assassinés par le cartel. 500 policiers trop curieux ou insistants. Pablo paie 1 million quiconque tue un policier, alors vous imaginez...
Escobar fraye son chemin en politique, parce qu'il est riche, peut acheter tout le monde, et fait peur. Mais on le rejette. Il tue ceux qui le freinent. Alors on ferme les yeux. Mais pas tout le temps. Le président Gaviria rendra légale l'extradition pour mieux coincer Pablo.

Quand on l'accuse de quelque chose de grave, on en meurt. Des juges allant le trouver coupable de quelque chose sont retrouvés morts avant le verdict. La terreur est totale. Et continue.

En 1987, Carlos Lehder, coordonateur routier et maritime, et superviseur des labos de transformation est arrêté en 1987, aux États-Unis, et condamné à 150 ans de prison. On tient quelque chose.

En 1988, Juan Matta Ballesteros, responsable du corridor d'affaires Colombie-Mexique, est accusé du kidnapping, de la torture et du meurtre de l'agent de la Drug Enforcement Administration des États-Unis, Enrique Camarena et sera condamné à la prison à vie, même si arrêté au Honduras.

En 1989, le bouillant Jorge Gonzalo "El Mexicano" Rodriguez Gacha, numéro 2 des narco-trafiquants en Colombie, brutal animal, commanditaire de l'assassinats de nombreux policiers, juges, hommes d'affaires, hommes politiques et journalistes, est lui-même tué par les policiers sur la côte colombienne dans un échange de coups de feu.

Les cartels colombiens deviennent vite l'épicentre des meurtres comptant 25 100 morts violentes en 1991 et 27, 100 l'année suivante. Escobar donne de riches primes à ceux qui tuent des policiers. 600 d'entre eux meurent durant cette période. Tout le monde sait qu'il est derrière chaque mort de policiers. On lui suggère de se rendre, en échange d'une peine réduite. Mais il est si riche que lorsqu'il se livre, il habite une prison extrêmement peu restrictive, garnie d'un terrain de soccer, de basket, d'une maison de poupée géante, d'un bar, d'un jacuzzi, et de chutes dignes des meilleurs spas de nos jours. Il coordonne toujours ses activités, mais de son chalet d'État.
Quand on trouve tout ça ridicule et qu'on veut le transférer dans une prison plus rigide, il en profite, le jour du transfert, pour s'évader. Il passera le reste de sa vie à fuir la police.

Le Bloc de Recherche est mis sur pied et, dans un échange de coup de feu, Escobar est enfin liquidé, le 2 décembre 1993.

Les trois frères Ochoa, Juan David, Jorge Luis et Fabio ont tous plaidé coupable aux débuts des années 90, en échange de réduction de peine. Ils puregeront tous 5 ans, ensemble, ne mangeant que les plats de leur mère, de peur d'être empoisonnés. Juan David décède d'une crise cardiaque à 65 ans, en 2013, Jorge Luis, complice de l'assassinat de Barry Seale, héros du film American Made mettant en vedette Tom Cruise, lancé l'an dernier, est un homme libre. Fabio est recapturé en 1999 parce que toujours trempé dans la cocaïne et son trafic et condamné à 30 ans de prison aux États-Unis.

Le cartel de Medellin n'est pas mort en 1993 avec Pablo, mais n'est plus seul dans sa business.
Le cartel s'est métamorphosé en Oficina de Envigado .
La guerre de la drogue est sans merci. Et concentrée beaucoup au Mexique en ce moment.

Alors que je m'apprête à réembarquer dans la fiction Narcos sur Netflix,
je tenais à y mettre un oeil plus juste avant.

Dans ce monde injuste.

Aucun commentaire: